La Gendarmerie Royale et l’environnement
Au vu des problèmes que connaît l’environnement au Maroc, force est de constater que la recherche des solutions adéquates n’est pas une mince affaire et que cela nécessite le concours de l’ensemble des composantes de l’Etat. La Gendarmerie Royale figure en bonne place parmi les organismes intervenant dans la protection du milieu naturel et en fait l’une de ses prérogatives essentielles.
La Gendarmerie Royale, dont les unités de base sont largement implantées sur le territoire national, est à même de cerner la dimension sécuritaire de l’environnement dans sa globalité. Elle a ainsi pu, dans une démarche visionnaire, dessiner avec un recul appréciable sa propre stratégie en matière de défense du milieu ambiant. Celle-ci est principalement basée sur la formation de son personnel, la mise en place des structures légales et techniques de gestion, ainsi que des outils idoines, susceptibles d’aider à la préservation de notre milieu naturel.
Une formation adaptée
Le personnel de l’Arme acquiert à différents niveaux une formation multiforme générale, juridique, technique et professionnelle.
S’agissant de la formation en matière d’environnement, celle-ci est généralisée dans les écoles de la Gendarmerie Royale. Elle concerne aussi bien les officiers et les sousofficiers que le personnel civil exerçant au sein des laboratoires de l’Arme. Au niveau des connaissances générales, elle concerne la perception des diverses nocivités :
atmosphérique, liquide, solide, radioactive et biologique, ainsi que leurs implications sur la santé de l’homme, la faune et la flore.
Au niveau légal, elle s’intéresse à l’étude du cadre institutionnel, englobant les divers organismes impliqués dans la protection de l’environnement. Ce volet concerne également le cadre juridique et réglementaire de l’exercice des diverses polices de l’environnement, tels la pêche, la chasse, le transport des substances nuisibles, ou encore les nuisances sonores. La police judiciaire quant à elle - exercée en tant qu’ultime recours dans la défense de la nature - est également présente dans la formation.
Au niveau de l’enseignement technique, le Service de Police Administrative et Judiciaire (SPAJ) de la Gendarmerie Royale assure une formation spécifique au personnel sous-officier. Cette instruction concerne l’échantillonnage, le prélèvement, la conservation et l’analyse, sur le terrain, de certains paramètres physico-chimiques. Ceci afin d’enseigner aux stagiaires à intervenir, in situ, en cas de catastrophes et à procéder à quelques actes d’urgence.
L’enseignement dispensé insiste particulièrement sur le volet préventif, basé sur la surveillance quotidienne de tout l’espace national, par les moyens terrestres, aériens ou mari-times de l’Arme. Il englobe également les techniques d’investigations et d’acheminement des informations.
Ceci dans le but de sensibiliser les chefs hiérarchiques et les départements concernés aux problèmes écologiques présentant un intérêt particulier. Enfin, l’instruction insiste aussi sur les modalités et les situations de déclenchement de l’alerte, à divers niveaux, lorsque l’ordre écologique risque d’être troublé ou l’a été.
Au niveau opérationnel, les officiers acquièrent le savoir-faire susceptible de les aider dans la gestion des situations liées aux calamités publiques. Ils reçoivent, parallèlement à cela - par le biais de conférences et de tables rondes - les témoignages des commandants d’unités ayant eu à affronter de grandes catastrophes, tels les inondations de l’été 1995 à l’Oukaïmeden ou l’incendie ayant partiellement ravagé la SAMIR, à Mohammedia, en novembre 2002, pour ne citer que ces deux exemples.
Les officiers stagiaires effectuent aussi des visites au sein des entités spécialisées dans la lutte contre les catastrophes et assistent à des exercices.
Si la Gendarmerie Royale consent, comme nous venons de le constater, de gros efforts dans le domaine de la formation, celui de la mise en place des structures internes de gestion et de commandement ainsi que des moyens adéquats n’est pas en reste.
Des structures novatrices
La Gendarmerie Royale peut se prévaloir d’être la première force de sécurité dans le pays à avoir mis en place une structure hiérarchique adaptée, chargée de coordonner et de gérer les problèmes liés à l’environnement, ainsi que des unités spécialisées dans ce domaine.
Le service de l’Environnement
En effet, le Commandement de la Gendarmerie Royale a mis sur pied, dès 1999, le Service de l’Environnement, au niveau de l’Etat-Major Commandement à Rabat. Ce service central a pour mission de coordonner et d’initier l’action des unités de l’Arme dans le domaine de la conservation de notre patrimoine environnemental. Il a également pour rôle d’entretenir des relations de coopération avec les différents organismes engagés dans la lutte pour la protection du milieu naturel.
Les Brigades d’Environnement
Dans le même cadre, des Brigades d’Environnement ont été mises sur pied au niveau des compagnies situées aux chefs-lieux des régions.
Ces unités consacrent toutes leurs activités à la prévention et à la lutte contre toutes sortes d’atteintes qui affectent l’équilibre écologique, en collaboration avec les autres unités territoriales. Les B.E. sont équipées de véhicules tous-terrains, de matériel de protection contre les contaminations N.B.C, d’outillage de mesures des émanations gazeuses ainsi que de mallettes de prélèvement et d'analyse.
Les Laboratoires d’Analyses
La Gendarmerie Royale dispose également de deux entités scientifiques de pointe : le Laboratoire de Recherches et d’Analyses Médicales (LRAM) et le Laboratoire de Recherches et d’Analyses Techniques et Scientifiques (LARATES). Ces deux entités reçoivent les échan-tillons solides, liquides ou gazeux aux fins d’expertise. Les diverses analyses sont réalisées par un personnel qualifié, composé de docteurs et d'ingénieurs dans les domaines de la chimie, de la physique et de la biologie.
Ce personnel apporte aussi son concours sur le terrain aux unités territoriales et aux brigades d’environnement en cas de difficultés.
L’Escadron Monté
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La Gendarmerie Royale a crée un escadron monté équestre. Cette unité est chargée de la surveillance et de la prospection, essentiellement au niveau des forêts et des plages, pour prévenir toute atteinte à l’environnement tels les incendies de forêts et les pollutions littorales.
L’optimisation des modes et des moyens d’action de la Gendarmerie Royale risquent de laisser supposer qu’il s’agit là d’une prise de conscience récente dans le domaine de la protection de l’environnement.
Bien au contraire, de nombreuses actions, souvent de grande envergure, visant à protéger le milieu naturel ont été concrétisées sur le terrain et ce,depuis déjà fort longtemps.
Des actions concrètes sur le terrain
Aucun organisme de l’Etat, quelles que puissent être ses potentialités, ne peut prétendre à lui seul défendre l’environnement. Aussi, conscient de la nécessité de la confluence des efforts, le Commandement de la Gendarmerie Royale apporte, chaque fois que le besoin s’en fait sentir, son concours à ses différents partenaires.
Les domaines de collaboration portent, entre autres, sur la protection des végétaux, l’assistance au service météorologique et la surveillance du littoral national. Pour ce faire, outre les moyens humains mis en oeuvre, une panoplie de moyens terrestres, aériens et maritimes sont déployés au service de la nature.
Participation à la lutte contre les incendies
Parmi les graves dangers qui menacent la nature, particulièrement la flore, les incendies de forêts restent un domaine préoccupant. Dans ce cadre, la Gendarmerie Royale, de concert avec les différents organismes, ne cesse de déployer tous les efforts, en amont comme en aval, pour prévenir les sinistres et atténuer éventuellement leur impact sur l’environnement. Ainsi, chaque année, la Gendarmerie Royale intervient avec des moyens humains et matériels considérables, en particulier aériens, dans des zones inaccessibles, pour circonscrire des incendies d’origine souvent accidentelle mais parfois criminelle.
Participation à la lutte contre les ravageurs et insectes
Dans ce même domaine, la Gendarmerie Royale a participé activement à la stratégie élaborée à l’échelon national pour faire face aux invasions successives des criquets pèlerins ayant touché, entre 1987- 1989, les Provinces du Sud du Royaume. D’énormes moyens ont été engagés dans cette véritable guerre anti-acridienne. Celle-ci a nécessité l’utilisation d’une cinquantaine d’aéronefs des Forces Royales Air et de la Gendarmerie Royale englobant hélicoptères, petits avions et gros porteurs tels que le D6 et le C130. La campagne a totalisé des milliers d’heures de vol pour la prospection et le traitement et a permis de limiter la progression des criquets avant de les éradiquer.
Collaboration à la protection des ressources halieutiques
Au niveau de la protection de nos côtes, la gendarmerie assure, en collaboration avec la Marine Royale, des missions quotidiennes de surveillance. Celle-ci vise la préservation de nos ressources halieutiques en faisant respecter les périodes de repos biologique. Elle vise également la localisation d’éventuels bateaux pollueurs ou en infraction, ainsi que les nappes de pétrole pouvant présenter un danger écologique. Cette vigilance est assurée, côté Gendarmerie, conjointement par le Groupement des Escadrons Aériens, les Compagnies Maritimes de l’arme et les brigades de l’environnement. A titre d’exemple, la Gendarmerie Royale a participé activement à la mise en place de barrages flottants lors de l’échouage du pétrolier Kharg V en 1989 au large d’El Jadida.
Protection contre les substances N.B.C.
Dans un tout autre domaine, la Gendarmerie Royale a traité plusieurs affaires de transport ou de manipulation de sources radioactives.
Elle a aussi procédé à des mesures et à l'expertise de conteneurs ou d’objets suspects. Son champ d’activité en matière de radioactivité s’étend également au contrôle de la qualité agroalimentaire ainsi qu’à celle des eaux. Par ailleurs, la Gendarmerie Royale est membre de la Commission Permanente de Suivi des Affaires nucléaires, dont la constitution a été annoncée en mai 2000. Cette commission, placée sous l’autorité directe du Premier Ministre, est composée d’experts, d’universitaires et de représentants des départements concernés.
En somme, la donne environnementale est sans conteste une préoccupation majeure pour la Gendarmerie Royale.
De ce fait, elle a pu, non sans un recul appréciable, faire évoluer ses ressources humaines et mettre en place les moyens matériels et les structures adéquates pour faire face aux menaces actuelles et futures qui pèsent sur notre environnement.
Source: (La Revue de la Gendarmerie Royale N° 2 Juillet 2003)